Colloque international à l’Université de la Nouvelle-Calédonie, le 27-29 octobre 2021, organisé par Dominique Barbe et Gwénael Murphy
Le thème du cannibalisme soulève, depuis les premiers contacts entre Océaniens et Européens, une immense littérature. La lecture de ces textes a de tout temps suscité de vives controverses : W. Arens affirmait par exemple qu’il ne s’agissait que d’une pratique imaginaire fantasmée par les colonisateurs et participant de la dévalorisation des peuples autochtones (The Man-Eating Myth, 1979). Relayée notamment par J. Guiart pour l’Océanie, cette théorie, qui soulève alors une polémique longue et mondiale, repose sur une faille méthodologique : l’absence supposée de preuves directes, formelles et incontestables des pratiques anthropophages. Ces « fables » seraient transmises complaisamment, par des marins, des missionnaires puis par les autochtones eux-mêmes qui se les approprieraient. Indéniablement, la lecture des sources amène à songer que le « fait cannibale » a souvent été accepté sans preuves autres que les témoignages directs ou indirects sujets à caution et dont le nombre se suffirait à lui-même comme brevet de véracité. Les études récentes suggèrent que les marins, missionnaires et colons projetèrent peut-être les craintes de voir des faits propres à leur civilisation se reproduire dans les espaces qu’ils découvraient.
On ne saurait donc apporter de nouveautés sur un tel sujet, si souvent débattu et sur lequel existe déjà des milliers de pages, sans un questionnement renouvelé des sources historiques, archéologiques, orales ou littéraires. C’est le but de ce colloque : démythifier l’anthropophagie en Océanie par une lecture des sources qui fait la part des pré-supposés des rédacteurs et essaie d’objectiver une pratique. Épistémologie, méthodologie, analyse de documents et déconstruction des discours seront donc au centre des discussions.
Colloque TROCA – Traces, récits et représentations du cannibalisme en Océanie