Le troca ou troque nacrier est un gastéropode endémique du Pacifique et il constituait pour les Océaniens à la fois une ressource alimentaire importante et un matériau de choix pour la fabrication des hameçons et des parures. Il est aujourd’hui toujours utilisé pour sa nacre et exporté de Nouvelle-Calédonie vers l’Europe. Ce coquillage symbolise l’ancrage océanien de l’équipe aujourd’hui en émergence, et illustre la dialectique entre temps long et temps court qu’elle entend explorer en relation avec ses partenaires locaux, régionaux et internationaux.
Le peuplement de l’Océanie s’est accompli en plusieurs phases, d’il y a plusieurs dizaines de milliers d’années pour le peuplement des ensembles continentaux de l’Australie et de l’île de Nouvelle-Guinée, à moins d’un millénaire pour les extrémités du triangle polynésien. En particulier, l’archipel calédonien est riche de 3000 ans d’histoire. Cette temporalité s’accompagne des dynamiques ayant présidé à l’émergence des sociétés traditionnelles, et qui sont le fruit d’ancrages territoriaux, de processus migratoires, de réseaux d’alliances et de contacts mis en place par les voyages et échanges incessants, ainsi que par la diversité des environnements rencontrés. De plus, le contact européen a entraîné d’importantes dépopulations, l’introduction de nouveaux savoirs et savoir-faire, l’arrivée de l’Évangile, de nouveaux vecteurs d’échanges et des phénomènes de colonisation, bouleversements dont le corollaire actuel est l’émergence de multiculturalités. La question de l’aire géographique permettant de définir l’espace océanien étudié est ambigüe, puisqu’elle se heurte à une dimension temporelle qui le modifie constamment.
C’est aussi cette fluidité de l’espace océanien qu’éclaire la dialectique entre temps long et temps court au cœur de la problématique portée par l’équipe de recherche TRajectoires d’OCéAnie (TROCA).
Fruit d’une volonté de restructuration de la recherche en lettres, langues et sciences humaines à l’Université de la Nouvelle-Calédonie, l’équipe de recherche TROCA intègre des enseignants-chercheurs spécialistes de domaines variés.
La dimension comparative et le lien « Pacifique » permettent de rattacher leurs centres d’intérêts aux problématiques de TROCA à travers trois thèmes de recherche transversaux et fédérateurs.
L’équipe, qui s’inscrit dans la logique de l’accord de Nouméa, ambitionne de devenir un acteur incontournable de la recherche en lettres, langues et sciences humaines en Nouvelle-Calédonie, au service de l’avenir de celle-ci.