Journée d’études préliminaire au colloque « La Nouvelle-Calédonie, un projet multiculturel ? »
Je voudrais préciser autant que possible la méthode anthropologique telle que je l’entends, c’est-à-dire telle que j’ai tenté de la pratiquer, à partir de mon expérience vécue avec les Samoans, à la fois quand je leur expliquais ce que je venais faire chez eux, et pour conduire le projet d’écrire « sur » leur vie sociale et culturelle, mais d’écrire dans une autre langue que la leur et en vue d’un livre destiné d’abord à la communauté, à géométrie variable, d’où je venais, tout en espérant que le contenu soit lisible plus tard, après traduction, par ceux qui m’avaient accueilli.
Parmi les terrains désormais « classiques » de l’anthropologie figurent la reconquête identitaire des peuples océaniens, et les politiques du bi ou du multiculturalisme. En Nouvelle-Calédonie, où la « communauté de destin » a été érigée en projet de société par l’accord de Nouméa, les résultats du référendum de novembre 2018 montrent des territoires et des communautés plus clivés que jamais, et semblent sonner le glas de l’identité calédonienne. L’anthropologie du « vivre ensemble » est-elle autre chose qu’une utopie scientifique ?
Les deux accords politiques – Matignon-Oudinot de 1988 et Nouméa de 1998 – comme nouveaux cadres d’expression sociopolitique ont impulsé des innovations inédites dans le paysage calédonien. Il s’agira dans cette communication d’analyser en quoi ces mutations participent à la refondation d’un nouvel imaginaire social partagé. On s’intéressera aux quelques pratiques des lieux et pratique d’adjacence ou d’altérité conjuguée développées par la société kanak, selon une perspective qui pourra mener à des décisions inédites pour fonder une école délibérative et construire des symboles communs.
Présenté par le Père missionnaire Jean-Baptiste Podevigne comme l’œuvre née d’un dialogue entre un sculpteur de Makira aux îles Salomon et lui-même, ce crucifix a été envoyé à Rome pour figurer dans les collections du Musée missionnaire du Latran en 1938. Il retient aussitôt l’attention de monseigneur Celso Costantini qui le publie dans « L’art chrétien dans les missions ». Reste à savoir si ce crucifix montré comme un modèle de l’art missionnaire est le fruit d’un dialogue culturel ou le monologue ex cathedra d’un missionnaire.
L’anthropologie comme dialogue interculturel : exemples et tentative de généralisation.